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Les actes d'ICOM France n°39

Circulation des collections: risquer pour exister

Editorial

Un défi au temps : la conservation et la circulation des collections

Pour répondre au défi de la préservation ad vitam aeternam du patrimoine que nous avons la mission de transmettre aux générations futures, les musées ont réalisé depuis quelques décennies de gigantesques progrès dans le domaine de la conservation préventive, de la sécurité des biens, de la qualité des réserves, du contrôle de la lumière ou de l’hygrométrie, des techniques d’emballages et de transport, autant d’avancées qui ont renchéri le coût de la conservation des collections. Simultanément, une meilleure prise en compte de la mission éducative de nos institutions, le souci de l’élargissement des publics et celui d’une accessibilité accrue des œuvres ont conduit à une circulation de plus en plus intensive de celles-ci et partant, à une plus grande exposition… aux risques.

« Circulation des collections : risquer pour coexister ? » : avec ce titre paradoxal, nous avons voulu mettre l’accent sur les nouvelles conditions de vie et de survie des biens culturels dans ce contexte de mouvement accéléré, que les causes en soient d’ailleurs la finalité éducative, la recherche de ressources propres contribuant à une meilleure gestion, ou encore des injonctions politiques ou des nécessités diplomatiques. Comme lors de nos précédentes journées d’étude sur a déontologie organisée en 2012 et 2013 en partenariat avec le Service des musées de France/ Direction générale des patrimoines au ministère de la Culture et de la Communication., nous avons conjugué réflexions sur les principes et retours d’expériences concrètes, au fil des trois tables-rondes dont vous trouverez ici la description.

Il y aura trente ans cette année que le code déontologie de l’ICOM a été adopté à l’occasion de la Conférence générale de Buenos-Aires, en 1986. Il a été ensuite révisé et amélioré à deux reprises, en 2001, puis 2004. Il le sera à nouveau prochainement, afin de prendre ne compte les évolutions récentes du monde muséal, mais il reste un irremplaçable outil dans notre vie professionnelle. Il rappelle que nous conservons les collections dans l’intérêt de la société et de son développement, qu’elles servent à constituer et approfondir les connaissances du plus grand nombre, qu’elles constituent des outils précieux de compréhension et de gestion de notre héritage culturel et naturel et que nous devrons œuvrer, de façon professionnelle et dans la légalité, au service des communautés qui nous ont légué ces témoignages comme au service de celles qui les détiennent aujourd’hui.

Après avoir élu à la présidence du comité français, j’ai succédé en 2011 à Jean-Yves Marin et Michel Van Praët au sein du comité de déontologie de l’ICOM (ETHCOM), présidé par notre collègue suisse Martin Schaerer. Ce comité s’est donné entre autres objectifs celui d’approfondi au sein des comités nationaux les questions traitées par notre code de déontologie, soulignant à quel point ce document fondamental est pertinent –même si son actualisation reste un chantier permanent- dans notre pratique quotidienne des métiers du musée. Nous avons organisé en France au fil de ces dernières années cinq rencontres autour de ces questions. Avec les numéros 36 à 39 de la Lettre du Comité français, qui en ont publié les actes, nous disposons d’un corpus de textes qui, je l’espère, constitueront des références utiles pour tous dans l’exercice de nos responsabilités à l’égard des collections et du patrimoine dont nous avons la charge, comme à l’égard des publics, des communautés, et plus largement de la société, au service desquels nous œuvrons.

Denis-Michel Boëll,
Conservateur général du patrimoine,
Président du Comité français de l’ICOM

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