Jean-Jacques Bertaux
Inhumé le 19 octobre 2018 en l’église de l’abbaye Saint-Martin de Juaye-Mondaye, repose au cimetière paroissial de Juaye-Mondaye (Calvados).
Jean-Jacques Bertaux est né à Cherbourg, point de départ essentiel de toute une carrière professionnelle qui sera marquée par la Normandie, son histoire passée et récente : Cherbourg et plus particulièrement son cher Cotentin y joueront toujours un rôle majeur, véritable laboratoire d’expérimentation ethnographique du monde normand !
C’est en 1952 que Jean-Jacques Bertaux quitte Cherbourg pour débuter ses études d’histoire à Caen. L’étudiant arrive dans une ville dévastée, à l’aube de sa reconstruction qu’il suivra avec intérêt, année après année, sachant peut-être déjà qu’il en serait un jour l’historien. A cette époque et pour de longues années, l’Histoire à Caen c’est d’abord Michel de Boüard, doyen de la faculté des Lettres.
Sous son influence, Jean-Jacques Bertaux s’intéresse à l’histoire médiévale et plus précisément à l’art roman du Bessin auquel il consacrera une étude. Durant quatre années, il œuvrera au recensement des monuments du patrimoine architectural auprès de la Conservation régionale des Bâtiments de France, à Caen, tâche interrompue par un service militaire de deux ans, en Algérie et au Sahara… dans l’artillerie ! … arme étrange pour ce Normand discret et pondéré !
C’est à son retour en 1962 que le Doyen Michel de Boüard fit appel à lui pour l’assister dans la préparation de l’ouverture au public du Musée de Normandie réalisée un an plus tard dans l’enceinte du Château. Jean-Jacques Bertaux publiera en 2009 le journal de route de la collecte des premières années du musée entre [1946 et 1956].
De cette date à sa retraite en 1998, Jean-Jacques Bertaux ne quittera plus le Musée de Normandie. Conservateur en 1975, il prend la direction du musée en 1982, après Michel de Boüard, et devient Conservateur en chef en 1987. Toutes ces années seront employées au service de la ville de Caen, de la Normandie et au rayonnement national et international du patrimoine de notre Province.
Membre de nombreuses commissions œuvrant le plus souvent à la création de nouvelles structures d’accueil et de recherche dans el domaine de l’histoire de la Normandie, Jean-Jacques Bertaux sera pour tous ses collègues un homme de conseil, de dialogue et d’ouverture.
Très tôt impliqué dans la vie associative, il présidera l’Association générale des Conservateurs des Collections Publiques de France de 1989 à 1992, à une période charnière de l’évolution des carrières des professionnels de la Culture où se joue l’avenir de la filière culturelle dans la Fonction publique territoriale. Les Professionnels des musées s’accordent à reconnaitre à Jean-Jacques Bertaux une parte essentielle dans les débats et la mise en place de cette nouvelle filière.
Très attaché à la revue Les Annales de Normandie, dont le siège social est installé au Musée de Normandie depuis 1951, il en est l’infatigable secrétaire de rédaction de 1973 à 1991, sous la direction de son ami et complice le Professeur Gabriel Désert. En 1991, il devient lui-même directeur de la revue dont il conduira la destinée de 1992 à 2011.
Mais c’est d’abord dans le Musée de Normandie que se développera son action au service de la Ville de Caen. Quasiment seul à ses débuts avec Michel de Boüard, il accompagne puis conduit la mise en œuvre d’un projet muséographique qui se concrétisera de 1983 à 1987 par la refonte complète des salles de présentation permanentes et le développement de ses équipements.
L’œuvre de Jean-Jacques Bertaux c’est aussi la mise en place d’un cycle d’expositions temporaires dont il assumera le commissariat. On ne peut les citer toutes, mais deux d’entre elles résument assez bien le parcours de l’homme, ses attaches profondes et sa personnalité, ce sont :
- En 1994, « Renaissance d’une ville : la reconstruction de Caen, 1944-1963 », histoire d’une ville moderne prenant ses racines dans son passé le plus ancien
- Et la dernière, en 1997, longtemps désirée : « La vache et l’homme », exposition-signature d’une carrière tournée vers cette ruralité normande dont il est issu et qu’il a cherché pendant toute sa carrière à restituer, sans nostalgie, avec ce respect des hommes et de la culture qui les caractérise.
Les nombreux professionnels de musées qui ont eu la chance de travailler avec lui se souviendront d’un homme intègre, d’une grande générosité, toujours disponible pour défendre une certaine idée de cette magnifique Province qu’est la Normandie.
Jean-Yves Marin, Directeur du Musée d’art et d’histoire - Genève (Suisse)
Directeur du Musée de Normandie (Caen) - 1998-2009