Peut-on encore « acquérir » ?

Sous-titre
Soirée-débat de déontologie
Vidéo et podcasts de la séance du 20 juin 2023

Propos de la rencontre 

Si la nouvelle définition, votée lors de la Conférence générale de l’ICOM à Prague en août 2022, a bien réaffirmé les missions fondamentales des musées, on notera que la manière de nommer l’acte d’enrichissement des collections a changé : le verbe « acquérir » a disparu au profit du substantif « collecte ». Cette évolution de terme résonne comme un changement de paradigme, un nouveau positionnement des musées dans leur rapport à l’accroissement de leurs collections. 

Le terme « acquérir » aura sans doute pour certains souffert d’une trop grande proximité avec l’idée d’achat, alors que le mot recouvre bien, dans l’usage des musées français en tous cas, tous les moyens dont ils disposent pour élargir leurs fonds, que ce soit à titre onéreux ou non. A l’heure des réflexions globales sur les restitutions, le terme pourrait par trop rappeler l’idée de « thésaurisation », voire de « prédation ». La notion de « collecte », sans doute plus englobante, revêt peut-être un autre atout : elle traduirait mieux l’idée d’un choix raisonné, la volonté de constituer une série qui fait sens et le droit au renoncement, tout en permettant de poser la question du rapport entre « collecteur » et « collecté ».

La place du musée dans la Cité et son rôle social l’obligent en effet à repenser son rapport à l’acquisition. Quand le modèle « top-down » est remis en cause, alors que la société civile souhaite être davantage impliquée dans la vie de ses institutions et que la relecture des collections pousse parfois à repenser les orientations des politiques d’acquisition, l’accroissement des collections doit répondre plus que jamais à un certain nombre de questions d’ordre déontologique : recherches de provenances, rapport des professionnels des musées au marché, relations avec les donateurs, recherches de financement, recours aux mécènes, place et rôle des citoyens dans ce processus, priorisation des acquisitions, invention de nouveaux modes d’enrichissement…

Enrichir une collection n’est pas un acte de prélèvement répondant à un besoin de thésaurisation, c’est avant tout une démarche dont l’éthique se mesure à l’aune de la variété des enjeux rencontrés à chaque projet.  

Alors, peut-on encore « acquérir » ? 

Les intervenants de cette soirée-débat ont témoigné de leur action et de leur réflexion, face à la nécessité, pour nos musées, de continuer à exercer leurs missions fondamentales, dans un cadre déontologique affermi, et ainsi définir une éthique de l’acquisition, clé de voûte du musée. 

La séance a été modérée par Ariane James-Sarazin, directrice adjointe du musée de l'Armée. Avec les participations de  : 

  • Leen Beyers, responsable du département collection et recherche au MAS - Museum aan Stroom (Anvers) et trésorière de COMCOL - comité international de la collecte de l'ICOM
  • Alexandre Giquello, commissaire-priseur, président du groupe Drouot
  • Marie-Christine Labourdette, présidente de l'Etablissement public du château de Fontainebleau, co-auteur du rapport « Améliorer la sécurité des acquisitions des musées nationaux » remis à la Ministre de la Culture en novembre 2022, directrice des musées de France de 2008 à 2018
  • Juliette Raoul-Duval, présidente d'ICOM Europe et membre du groupe de travail ICOM Define
  • Olivia Voisin, directrice des musées d'Orléans
  • Markus Walz, professeur de muséologie théorique et historique à l'université des sciences appliquées de Leipzig

Capation

Vidéo en VO

 

Vidéo en anglais

 

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