Édito de juin 2020
Chers membres, chers collègues,
A l’heure où je m’apprête à publier cet éditorial, des événements se produisent dans notre organisation internationale : la présidente vient de démissionner et selon les statuts de l’ICOM, Alberto Garlandini, vice-président, a été nommé pour assurer la présidence jusqu’au renouvellement du conseil d’administration qui aura lieu lors de l’Assemblée Générale de l’été 2022. Je tiens à le féliciter chaleureusement. Nos relations de travail avec lui sont établies de longue date et fructueuses. Il prend la tête d’une ONG en pleine dynamique, présente dans 135 pays avec 45 000 adhérents, chiffre doublé en dix ans ; mais aussi d’une organisation traversée ces derniers mois, par des interrogations sur son avenir et son identité, comme on l’a vu avec le débat sur la « nouvelle définition » auquel ICOM France a pris une part très active, j’en dis un mot plus loin. A l’heure où les musées doivent se reconstruire après des mois de fermeture – selon l'Unesco, 10% ne se relèveront pas – la gouvernance de notre organisation devra favoriser les solidarités entre les musées du monde, conforter ce qui nous unit et permettre une réflexion approfondie sur ce qu’est être, aujourd’hui, un professionnel de musée. Nous serons aux côtés de la nouvelle équipe pour parcourir ce chemin.
En France, nos musées ouvrent leurs portes depuis quelques jours et ces ouvertures se poursuivront tout l’été.
Pendant toute cette période, à ICOM France, nous nous sommes efforcés de mettre à votre disposition toutes les informations utiles, les préconisations et les guides de bonnes pratiques qui se sont rapidement fait jour, en relayant vos réflexions et surtout vos initiatives sur notre site. Plébiscitée par les publics , l’offre numérique des musées a, dès les premiers jours du confinement, été remarquable par sa qualité, sa richesse, sa créativité. Nous l’avons dit et écrit, et avons valorisé toutes vos initiatives et relayé votre présence intense sur les réseaux sociaux.
Pour vous accompagner tout au long de l'été dans votre tâche quotidienne, nous avons créé un cycle de débats « virtuels » ouverts à tous les membres, sur la plateforme Zoom : une session d'une heure trente tous les 15 jours, avec des intervenants au cœur de l'actualité muséale, et un temps de témoignages et d'échanges entre participants sur leurs réalité quotidienne, dans cette période où tout se réinvente au jour le jour. Le cycle comprend dix séances sur des questions qui vous ont semblé particulièrement vives. (Cf. programmation). Joignez-nous de là où vous êtes : l'intérêt des réunions virtuelles, c'est qu'elles sont accessibles de partout, de chez vous si vous êtes encore en télétravail ou même de vos lieux de vacances si vous vous apprêtez à les rejoindre, il suffit d’une connexion, d’un ordinateur voire d’un smartphone. Lors de la deuxième session, nous étions plus de 250 en connexion et la discussion a été particulièrement fructueuse. Chaque séance est enregistrée et est rapidement disponible en podcast sur notre chaîne YouTube.
Pendant ces quelques mois, vous le savez aussi, ICOM France s'est impliqué avec détermination dans le débat qui a animé notre organisation internationale depuis l'été dernier : la « nouvelle définition des musées ». Le 10 mars, moins d'une semaine avant le confinement, nous avons réuni à Paris, parfois par vidéo, 41 présidents ou représentants de comités nationaux ou internationaux de l’ICOM, venant de tous les horizons et régions du monde. Les prises de paroles ont été essentielles pour l'unité de notre organisation, unité que nous avons pensée fragilisée par les divergences qui s’étaient dévoilées à Kyoto. Nous avions décidé de tout enregistrer et de tout interpréter et, aujourd'hui, moins de trois mois après, tout est décrypté, traduit, disponible. L’édition en français – De quelle définition les musées ont-ils besoin ? – sortira des presses de l’imprimeur d’ici quelques jours. La version en ligne en anglais est déjà sur le site et a été diffusée aux membres du bureau d’ICOM international et du MDPP2.
Il importait à nos yeux que ces travaux nourrissent la réflexion de nos collègues à l'international, alors que se prépare l'Assemblée Générale annuel de l’ICOM, qui se tiendra par visioconférences en juillet. Lors de cette AG, qui sera évidemment moins ouverte et moins propice aux échanges que celles qui se tiennent habituellement physiquement à l’UNESCO, nous interviendrons sur plusieurs sujets, ceux que l’on vient d’évoquer mais aussi sur le budget, sur certains aspects de la gouvernance de l’organisation et aussi sur les « critères d'adhésion » à ICOM. Ceux-ci doivent être constamment réactualisés pour tenir compte des transformations à l'œuvre dans le monde des musées mais en même temps rester centrés sur le caractère professionnel qui fait le sens de notre association et assoie son influence. Équilibre toujours délicat à trouver, entre l’envie d’accueillir les demandes de plus en plus nombreuses et le souci de ne pas nous disperser, délicat surtout d’harmoniser entre 135 pays membres de l’organisation, dont la diversité est immense et les réalités difficiles à comparer : certains pays ont 30 adhérents, la France en a 5 600, certains ont très peu de musées, d’autres des milliers, dans certaines régions ceux-ci sont majoritairement publics dans d’autres cette notion même ne fait pas sens… Mais tous, nous avons la volonté de participer à l'accroissement des compétences, à l'accessibilité de publics toujours plus nombreux et à la préservation des collections dont on a vu, dans la période du coronavirus, à quel point leur conservation nécessitait professionnalisme et volontarisme.
Un mot encore de la rentrée. Le 25 septembre prochain, nos journées professionnelles annuelles et l’assemblée générale se tiendront à Strasbourg. Les inscriptions sont ouvertes et le programme quasiment bouclé. Retrouvez en ligne la thématique, très liée à l’actualité : « Et maintenant…Reconstruire. Le musée d’après ».
Bon courage à tous, belles réouvertures pour ceux qui s’y préparent, bonnes vacances à tous.
Nous restons à vos côtés tout l’été.
Juliette Raoul-Duval,
présidente d'ICOM France