Édito de février 2021
Chers membres d’ICOM France, chers collègues
Vous avez tous lu et entendu les déclarations ministérielles dans la presse : la situation sanitaire est préoccupante et très évolutive et il n’y a malheureusement pas de visibilité sur le calendrier de réouvertures des lieux culturels. Il reste envisagé que les musées soient (parmi) les premiers à rouvrir : c’est bien grâce à vos efforts pour garantir la qualité et le respect des protocoles que cette perspective demeure ; des discussions se déroulent pour proposer des réouvertures progressives, commencer par les scolaires, par exemple.
Tant d’inconnues sont difficiles à vivre et n’aident pas à garder un cap et anticiper une programmation future.
Dans ce contexte, à notre demande, nous avons été reçus par le cabinet de la ministre de la Culture et par le service des musées de France. Comme je m’y étais engagée dans mon dernier édito, je reviens vers vous pour en faire le point. Quatre organisations représentatives des professionnels des musées* s’étaient jointes à ICOM France pour solliciter cet entretien. A nous cinq, nous rassemblons un grand nombre d’institutions et de membres individuels (si on totalise : 834 institutions, 5 500 membres), une très grande diversité de métiers exercés, à tous les niveaux de la hiérarchie, dans nombre de domaines : beaux-arts, société, science, histoire naturelle… Nous nous sommes ainsi présentées, car c’est cela le paysage des musées : des établissements de toutes tailles, sur tout le territoire, publics et privés (associations, fondations, …), pas tous « musées de France », loin s’en faut, employant des personnels publics mais d’autres sous statuts précaires, relevant de différentes tutelles ou d’aucune ...
Nos associations représentent toutes cette diversité et pourtant nos modes d’intervention sont homogènes : nous privilégions notre rôle de lien entre nos membres - on a vu pendant cette période la force et l’urgence de maintenir ces liens : plus de 2000 personnes ont pris sur leur temps pour participer à nos sessions zoom, 400 membres d’ICOM de par le monde – 28 nationalités différentes - se sont retrouvés pour le dernier débat de déontologie … ce ne sont que des exemples. Il importait de mettre en avant, en présence de nos représentants ministériels, ce que peut ce lien en ce moment où les hommes et les femmes sont tenus à distance les uns des autres. Il importe que vous sachiez que nous portons les témoignages que vous nous confiez, vos innovations organisationnelles et numériques, le souci constant des publics et vos difficultés, surtout celles des catégories professionnelles fragilisées.
Dans cette période grave, nous avons dit d’emblée à nos interlocuteurs que nous n’étions pas dans un état d’esprit de revendications incongrues ou inatteignables. Nous étions venus apporter des informations concrètes, tangibles, parler du rôle essentiel de nos établissements dans cette période dramatique, du sens des responsabilités dont vous avez fait preuve et, de ce fait, des incompréhensions de certains d’entre vous face aux arbitrages de fermeture/ ouverture des lieux accueillant des publics. C’était l’un des points essentiels de notre demande de rendez-vous : que les expériences dont vous nous faites dépositaires nourrissent l’élaboration des décisions politiques.
Nous avons trouvé nos interlocuteurs à l’écoute, le principe de réunions de concertation régulières a été retenu. Le prochain rendez-vous est déjà en cours de préparation.
S’il est une profession qui a fait la preuve de sa capacité de résilience, qui pense avec courage et détermination à son avenir, qui envisage ce qui va et doit changer, c’est bien la nôtre.
Nous étions aussi venus pour parler d’avenir : comment continuer à porter notre vision et nos valeurs dans une communauté mondiale où elles sont aujourd’hui menacées : universalité, rigueur scientifique des savoirs que les musées transmettent aux publics …
C’est l’enjeu de notre organisation internationale et ICOM France y est de plus en plus présent et entendu : notre cycle zoom « solidarités », qui réunit quatre partenaires internationaux, a été retenu dans l’appel d’offres d’ICOM International. Grâce à ce soutien et à cette visibilité, nous l’ouvrirons à tous les adhérents des 140 pays membres de l’ICOM, en mettant en place une traduction simultanée de ces débats dans les trois langues officielles de notre ONG.
Vous l’avez vu sur les réseaux, l'ICOM international a lancé une campagne pour inviter ses membres à se mobiliser, à soutenir leur organisation.
Nous avons besoin de vous.
Bon courage à tous
* (conférence nationale des museum et FFCR, FEMS, AMCSTI, toutes trois membres de droit du conseil d’administration d’ICOM France)