Conférence annuelle du Comité international ICOFOM
"Accroître la visibilité et l'attractivité du patrimoine des îles : un enjeu du 21e siècle pour la muséologie"
Conférence internationale organisée conjointement par l'ICOFOM (Comité international de muséologie de l'ICOM), l'AMEPNC (Association des musées et institutions patrimoniales de Nouvelle-Calédonie) et l'Université de Nouvelle-Calédonie.
Les patrimoines insulaires sont, par nature, plus mobiles que ceux des espaces continentaux. Certes, les îles peuvent être des escales d'où l'on ramène des objets. Mais les sociétés insulaires, du fait de leur relatif isolement et de l'indisponibilité de certaines ressources, ont toujours eu besoin d'échanger des biens, des denrées, des matériaux et des objets fabriqués avec d'autres populations situées au-delà de la mer.
De l'ensemble culturel Lapita aux routes commerciales de la mer Egée, en passant par les relations précolombiennes entre les îles des Antilles, la kula des Trobriandais popularisée par Bronislaw Malinowski, ou encore le trafic maritime de l'époque contemporaine, l'espace océanique a été une voie d'échange et de circulation d'éléments matériels et immatériels. Ainsi, depuis l'Antiquité, les objets patrimoniaux et les savoirs ont circulé, se sont dispersés et ont quitté les îles, phénomène accentué depuis la multiplication des contacts, notamment avec le monde occidental.
L'importance des patrimoines insulaires repose donc - au moins partiellement - sur cette dispersion. Leur rareté doit également être prise en compte car les populations qui les ont créés étaient souvent peu nombreuses. Dans le Pacifique, en particulier, les archipels ont subi de plein fouet les chocs épidémiques liés au contact avec l'Occident, puis à l'évangélisation et aux politiques coloniales, qui sont à la fois responsables de la minimisation/négation de la culture insulaire et de l'accaparement du patrimoine culturel, la capture de ses artefacts les plus précieux, sacrés et reconnaissables. Avec le déplacement des patrimoines matériels, les connaissances et les patrimoines immatériels peuvent également avoir disparu.