Jacques Kuhnmuch (1948-2025)
Notre ami Jacques nous a quittés brutalement ce lundi 13 janvier, à 76 ans.
Il subissait une opération du cœur qui s’était bien déroulée, il avait déjà quitté la réanimation et commençait à remarcher et puis d’un seul coup, inexplicablement, il s’est envolé… sans que ses médecins aient réussi à le rattraper.
Son assiduité aux réunions ICOM n’avait d’égal que sa modestie, tout autant que sa discrétion car il ne se répandait pas sur ses états de service. Nous étions habitués à l’entendre rendre compte strictement de ce qui se passait à l’ICFA (International Committee for Museums and collections of Fine Arts) dont il a de très nombreuses années assuré la trésorerie et le secrétariat, atout non négligeable pour ICOM-France.
Dijonnais de souche, ses études à la Faculté des Lettres de cette bonne ville l’avaient vu se spécialiser sur le XVIIe, notamment dans le registre de l’œuvre gravée (il avait réalisé l’inventaire des gravures françaises du MBA de Dijon). Comme pensionnaire de la Villa Médicis de 1973 à 1975, sous la houlette de Balthus, il avait poursuivi dans le même filon et travaillé sur les peintres-graveurs romains du XVIIe.
Sa carrière allait le conduire à diriger le Musée des Beaux-Arts de Dunkerque (1977-1984), puis celui de Valenciennes (1984-1994), avant d’intégrer la conservation du Musée National du Château de Compiègne comme conservateur en chef (1994-2010).
Jacques s’est inscrit dans le profil historique de ces professionnels de la conservation pour qui ce métier s’apparentait un peu à entrer en religion : l’engagement associatif et militant allait de pair avec leur sacerdoce. Aucune étrangeté dès lors à le voir rejoindre l’ICFA dès 1982 à Amsterdam, et à en constituer pendant des décennies une des chevilles ouvrières. Sa présence systématique aux conférences générales était également significative de son attachement et de son dévouement à la communauté ICOM, depuis Londres en 1982, jusqu’à Kyoto en 2019.
Jacques était également membre de la Société d’Histoire de l’Art Français (SHAF), mais aussi de l’Association Générale des Conservateurs de Collections Publiques de France (AGCCPF). Il s’y est illustré naturellement dans le cadre de ses premières décennies en tant que chef d’établissement dans le cadre de la prestigieuse section fédérée Nord-Picardie (aujourd’hui ACMHDF). Mais plus récemment, il avait encore accepté de s’impliquer dans la refondation de la Section fédérée Bourgogne-Franche-Comté auprès du président Nicolas Potier.
Ses fleurs, qu’il chérissait et soignait jalousement et scientifiquement sont désormais orphelines de leur jardinier, mais peut-être veillera-t-il de loin sur leur conservation.
Louis-Jean Gachet
Conservateur général honoraire du patrimoine