« Objets de mémoire », un projet ICOM Costume et ICOM Madagascar pour la valorisation du patrimoine historique

Compte-rendu

Le comité international ICOM Costume et le comité national ICOM Madagascar se sont associés, en 2023, sur un projet visant à transmettre aux professionnels de musées malgaches leur savoir-faire sur la conservation et la valorisation du patrimoine historique. Leur projet « Objets de mémoire » a conduit à la mise en place, en 2024, d’un atelier à Antananarivo autour de plusieurs costumes conservés par des musées locaux.

Historique du projet

Le projet « Objets de mémoire » a été subventionné par ICOM SAREC dans le cadre de l’appel à Projet de solidarité de l’ICOM en 2023. Ce projet a pris forme après l’acquisition, par le gouvernement malgache, de la robe de la princesse Ramasindrazana (tante et conseillère de la reine Ranavalona III, 1861-1917) vendue aux enchères à Londres en 2020, et après son retour dans les collections royales du Musée ORMada (Office du Rova de Madagascar, ancien Musée du Palais de la Reine). Certaines problématiques liées à la conservation du patrimoine textile ont éveillé au sein d’ICOM Madagascar le souhait d’être accompagné par des professionnels dans le domaine, le comité n’a ainsi pas hésité à s’appuyer sur les réseaux de l’ICOM en sollicitant ICOM Costume pour ses expertises. Le projet avait pour objectif l’élaboration d’un atelier sur l’étude technique, l’entretien et la valorisation d’objets vestimentaires appartenant aux diverses collections de Madagascar. Organisé en juin 2024 à Antananarivo, capitale de Madagascar, l’atelier a été placé sous le haut patronage du Ministère de la Communication et de la Culture malgache et celui de l’Académie malgache.

Les partenaires du projet

Suite à la demande d’ICOM Madagascar, deux comités ont été impliqués dans la mise en œuvre de ce projet : le comité permanent ICOM SAREC, puis le comité international ICOM Costume pour les musées et collections de Costume, Mode et Textiles. Ce dernier, créé en 1960 par l’historien du costume François Boucher, compte aujourd’hui plus de 500 membres actifs du monde entier – il comprend des professionnels de musées spécialistes de l’entretien, de la présentation et de la conservation de collections de costumes historiques, de mode et de textiles. Le comité a été en charge de la coordination scientifique et technique ainsi que de la préparation du projet et de sa diffusion sur le site de l’ICOM. Le comité ICOM Madagascar, mis en place en 1987, a lui assuré l’exécution des activités à Madagascar. Ce comité, qui représente les intérêts des musées et de la profession muséale malgache, organise des activités pour la protection du patrimoine culturel matériel et immatériel. Il rencontre des défis liés à la professionnalisation du milieu muséal malgache, à la préservation des collections et au développement des activités à l’endroit du jeune public. Actuellement, le comité ICOM Madagascar regroupe des professionnels qui travaillent dans 25 musées publics et privés du territoire. Il est également membre de l’Alliance Régionale Afrique.

Objectifs et élaboration de l’atelier

Le comité scientifique du projet, piloté par Corinne Thépaut-Cabasset (ICOM Costume) et Bako Rasoarifetra (ICOM Madagascar), a examiné quels étaient les besoins des musées locaux et les attentes des acteurs culturels et participants malgaches, puis a déterminé trois axes d’études pour l’atelier – les robes royales, les vêtements liturgiques, les vêtements militaires et uniformes. L’objectif principal a été de mettre en contact les musées malgaches avec des professionnels internationaux collaborateurs d’ICOM Costume, et de bénéficier de leurs expertises. Aussi, quatre musées malgaches ont été sélectionnés après un appel à participation pour présenter un costume comme objet d’étude lors de l’atelier : l’ORMada (Office du Rova de Madagascar, ex Musée du Palais de la Reine), situé dans la capitale, a présenté une robe royale ; le Musée de la Cathédrale Andohalo, également situé dans la capitale, a présenté un vêtement liturgique ; le Musée de la Gendarmerie, situé à Moramanga, a présenté une tenue d’honneur pour peloton motard ; et le l’AKAMIA Museum Académie Militaire, situé à Antsirabe, a lui présenté une tenue d’apparat d’officier militaire.

L’atelier, organisé en format hybride et illustré par des supports visuels des costumes, a réuni en présentiel 50 professionnels (responsables de collection et techniciens) issus d’une dizaine de musées, et en distanciel 140 membres du réseau international de l’ICOM. Quatre grands experts internationaux en broderie, conservation, exposition et documentation des collections de costumes historiques, en art religieux et en vêtements d’uniforme, ont, après avoir fait leur intervention, échangé conseils et pratiques avec l’assistance.

Les participants de l’atelier se sont réunis en janvier 2025 à l’Institut de Civilisations, Musée d’Art et d’Archéologie pour établir un premier retour d’expérience sur l’atelier. Leurs remarques ont démontré l’utilité du livret qui a été conçu pour l’atelier, devenu depuis un outil de références pour différentes pratiques (notamment sur les systèmes de rangement du textile et la mise en réserve des objets). Les participants se sont empressés d’appliquer certaines recommandations qu’ils ont trouvées faciles et peu coûteuses.

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