Lettre de l'Icom France n°18
Editorial
Les professionnels des musées respectant le rythme des saisons, l’automne est traditionnellement consacré à la préparation des budgets. Perspective peu enthousiasmante au sein même de nos établissements, et qui devient angoissante pour les responsables associatifs. La tentation est grande –quand les temps sont difficiles- de ne parer qu’au plus pressé, ce qui n’est déjà pas si simple. Tel n’est pas le choix retenu par le comité français, vigoureusement relayé par la Direction des Musées de France, qui tente avec opiniâtreté d’intéresser de nouveaux partenaires aux activités de l’ICOM.
La Conférence Générale de Stavanger s’est tenue la première semaine du mois de juillet. Au lendemain de ces « grandes messes » on se doit d’en tirer les enseignements et de tenter d’améliorer la qualité des tâches qui incombent à chacun. Pour ce faire, nous avons interrogé les participants en leur demandant dès leur retour de nous adresser leurs commentaires, critiques, suggestions, mais aussi de nous faire parvenir un compte rendu de leurs activités scientifiques sur place. Beaucoup ont répondu, souvent avec spontanéité. Ils nous ont fait part de leur vie quotidienne durant la Conférence Générale, soulevant des questions, proposant des solutions inattendues. Il n’est bien sûr pas possible de publier l’intégralité de ces courriers. Françoise Wasserman a accepté d’en tirer les principaux enseignements. Par ailleurs, nous avons informé le Secrétaire Général de l’ICOM de ces réactions.
Rappelons ici que la délégation française, forte de près d’une centaine de personnes, était l’une des plus importantes. Nombreux furent les auteurs de communications, de rapports, les présidents de séances, signifiant ainsi le dynamise des professionnels français. Malgré cela, il faut convenir que proportionnellement à sa place dans l’ICOM –tant par le nombre de ses membres que par sa participation financière- la France compte un assez faible nombre d’élus au sein des comités internationaux. Cela est inhérent à la timidité des Français (et plus généralement des francophones) à se présenter aux élections, phénomène lié à la forte prédominance de l’anglais dans les débats, particulièrement sensible à Stavanger. Répétons une fois de plus que nous ne saurions chercher querelle à nos collègues anglophones de cet état de fait, mais l’exigence d’une parité entre les deux langues officielles de l’Organisation doit être maintenue car nous risquons de sombrer dans un unilinguisme de fait, dommageable pour tous.
Concernant la représentativité de l’ICOM dans le monde, on doit noter la création de deux nouvelles organisations régionales :
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L’Association des Musées de l’Ocean Indien (AMOI) où notre comité sera représenté par le collègue de la Réunion.
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L’Organisation régionale des Pays Arabes, pour lequel nous entendons être un partenaire actif et fidèle.
La réorganisation du Groupe Europe en une organisation régionale comprenant pour l’instant les présidents des comités nationaux européens, permettra de mieux nous faire connaître auprès des instances de la Communauté Economique Européenne et d’aider à l’intégration des comités de l’Est de l’Europe en cours de réorganisation.
Enfin, la prochaine Conférence Générale se tiendra en octobre 1998 à Melbourne. Même si nous nous réjouissons qu’une importante réunion de l’ICOM se tienne pour la première fois dans cette région du monde, on ne saurait ignorer que le coût de séjour sera prohibitif pour la plupart d’entre nous, et qu’il appartiendra au bureau de préparer très en amont cet évènement.
Sur le plan juridique, l’adoption, le 24 juin 1995, à Rome, de la Convention d’UNIDROIT sur la restitution et le retour des biens culturels, immédiatement paraphée par la France, nous oblige à rappeler que contrairement à la majorité des grands pays importateurs de biens culturels (Etats-Unis, Australie…) la France n’a toujours pas ratifié la Convention de l’UNESCO de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicite des biens culturels.
Le comité français de l’ICOM est intervenu à de nombreuses reprises en ce sens auprès du Ministère de la Culture. Des questions orales ont été posées au Sénat et à l’Assemblée Nationale. Récemment le Ministre de la Culture a demandé au Ministère des Affaires Etrangères de « mettre en œuvre la procédure de dépôt de l’instrument de ratification de cette convention ». Maintenant le Service juridique de ce ministère émet des réserves alors qu'il avait présenté et soutenu au Conseil des Ministres et au Parlement la loi qui autorise cette ratification…
Devant une telle inertie administrative, et forts de la volonté d’aboutir, nous multiplierons nos interventions les semaines à venir jusqu’à l’obtention de la ratification de la Convention de l’UNESCO, étape indispensable vers la ratification devenue plus importante de la Convention UNIDROIT.
L’accroissement sensible du nombre des membres encore cette année –dont on trouvera la liste dans cette Lettre- est la meilleure réponse à ceux qui s’inquiètent de l’utilité des organisations non-gouvernementales et de leur devenir. Au regard de cette liste on peut se réjouir de voir combien ICOM-France est représentatif du monde muséal dans sa diversité. Il n’en est pas de même auprès de nos collègues de la Direction du Patrimoine et dans les collectivités territoriales œuvrant sur le patrimoine mobilier conservé hors des musées. Un important effort a été fait dans leur direction au cours des dernières années, notre champ d’activité devant s’étendre presque aux limites de celui de l’ICOMOS dont l’action porte sur le patrimoine immobilier. Ce sera là une des tâches du prochain bureau afin de nous mettre en conformité avec les autres grands comités nationaux où cette dangereuse répartition administrative n’existe pas.
Dans quelques semaines une partie du bureau sera renouvelée, les candidatures sont nombreuses et de qualité. Les opérations électorales deviennent un peu plus difficiles à gérer à chaque nouvelle élection du fait de l’accroissement du nombre des membres. Je vous demande donc d’être particulièrement scrupuleux dans le respect des consignes de vote afin de simplifier la tâche du secrétariat et des scrutateurs lors du dépouillement.
La vie du comité ne peut se résumer en quelques lignes. ICOM-France fait chaque jour l’objet de sollicitations et de demandes de renseignements émanant de ses membres mais aussi d’horizons professionnels les plus divers. Demandes parfois sérieuses, voire graves, mais aussi interrogations surprenantes, cocasses, qui montrent combien il reste à faire. Si je puis formuler un souhait pour les trois années à venir, c’est que nous soyons encore plus nombreux à œuvrer dans l’esprit de l’ICOM afin d’élargir notre audience et de mieux défendre l’éthique d’une profession que nous avons choisie.
Jean-Yves Marin