Lettre de l'Icom France n°4
Editorial
Quel profit, quel encouragement peuvent attendre les personnes qui cotisent pour appartenir au Comité national de l’I.C.O.M. ? La question a été posée dans un rapport international. La réponse à cette question est que les objectifs d’une activité souvent dynamique, ne sont pas définis avec suffisamment de clarté. Quelques chiffres, quelques réflexions peuvent nous aider à caractériser la communauté de l’ICOM-France et son activité.
1. Les trois atouts d’ICOM-France
Avec ses 795 membres recensés en 1984, le Comité national français de l’I.C.O.M. est par le nombre, le deuxième Comité national après celui des Etats-Unis. Cette place dénote un intérêt et un dynamisme indéniables des professionnels de musée pour ce qui concerne les multiples aspects de leur activité. Cette situation implique en toute logique, l’existence de moyens financiers et une large représentation française dans les différents Comités internationaux. La réalité est plus nuancée mais le nombre important des membres est quand même une condition favorable au développement de l’ICOM-France.
Créé en 1946, en même temps que l’I.C.O.M. international, le Comité national français compte parmi ses membres, des personnalités qui ont joué un rôle considérable dans l’évolution générale de la conception muséale. Les expressions de ce rôle ont été et sont variées : présidence et autres charges importantes de l’I.C.O.M. international, présidences de plusieurs comités internationaux, participation à la rédaction de multiples documents dont Museum, réalisations de musées ou d’expositions considérées comme des modèles du genre.
La présence du secrétariat-centre de documentation de l’I.C.O.M. international dans les locaux de l’UNESCO à Paris reflète l’intérêt précoce de la France, qui n’a jamais été démenti, pour les problèmes de la conservation du patrimoine et de sa mise en valeur. Le centre de documentation sur les musées est unique en raison de la masse d’informations qu’il peut prodiguer et en raison de l’éventail international de ses sources. Il constitue une grande richesse facilement accessible aux membres français de l’I.C.O.M. L’actualité de l’information est de plus assurée du fait que le centre est en même temps le secrétariat de l’I.C.O.M. international.
2. Qui sont les membres d’ICOM-France ?
Le public d’ICOM-France est varié.
Sur les 795 membres, 508 (soit 63,9%) habitent Paris ou la région parisienne tandis que 287 (soit 36,1%) exercent leur métier en province. Ce dernier pourcentage est faible mais non alarmant. Un effort devra être fait pour mieux motiver nos collègues de province.
La variété des formations des membres de l’ICOM-France est l’une des caractéristiques du Comité national. D’après les statuts, sont réunies toutes personnes des musées, conservateurs des multiples formes de musées, restaurateurs et gens de Laboratoires, responsables des services de documentation, d’animation culturelle, de sécurité, de surveillance… D’autres spécialistes travaillant sous contrat pour les musées peuvent représenter jusqu’à 10% des membres ; ce sont des architectes, des animateurs, des restaurateurs spécialisés et privés… Ainsi, sont réunis des historiens d’art, des historiens, des archéologues, des administrateurs, des juristes, des philosophes, des chimistes, des physiciens, des statisticiens…
Par rapport aux autres Comités nationaux, le Comité français se distingue par le grand nombre de ses membres individuels (746, soit 93,84% du total des membres) ; les 49 membres institutionnels représentent donc 6,16%. Il n’y a pas lieu de réduire l’ampleur de l’engagement individuel mais il faudrait favoriser l’adhésion de membres institutionnels qui représentent davantage l’effort collectif pour de grandes réalisations et la continuité des programmes.
3. Une activité internationale souvent trop timide malgré quelques belles exceptions
Les membres du Comité national ICOM-France sont pour la plupart inscrits dans les groupes de travail des Comités internationaux de l’I.C.O.M. : d’autres participent aux réunions de groupes affiliés à l’I.C.O.M. Quelques-uns contribuent à la réalisation des programmes de sauvegarde du patrimoine de l’UNESCO. Malgré une activité indéniable, les membres du comité français acquièrent une réputation de timidité. Parmi les multiples raisons que l’on peut invoquer, il y a sans doute un problème de langue et la peur d’une spécialisation trop grande de la profession.
D’une part, les deux langues officielles de l’I.C.O.M. sont le français et l’anglais. La défense de la langue française exige de nos jours que l’on comprenne bien l’anglais. Pour intervenir et participer à ses débats, il ne faut pas que le problème linguistique soit un barrage, ce qui est trop souvent le cas malgré les traductions simultanées et les dons linguistiques de certains de nos collègues.
D’autre part, la prise de conscience approfondie des problèmes de musées aboutit à une complexité reflétée par la multiplication des comités internationaux de l’I.C.O.M. et des comités affiliés à l’I.C.O.M. La variété de plus en plus grande des disciplines représentées par les membres confirme cette évolution vers un professionnalisme poussé qui contraste souvent avec la réalité quotidienne qu’elle soit vécue dans un musée de province ou dans un département du Louvre.
Il faut à la fois se réjouir d’une telle évolution internationale qui est accompagnée de compétence et de rigueur et à la fois se préoccuper d’en dominer tous les paramètres, grâce à une coordination et à un effort de synthèse souvent délicats dont les comités nationaux ont été chargés vis-à-vis de leurs membres.
4. Rôle du bureau d’ICOM-France pour faciliter l’effort de coordination internationale
Ce rôle n’est pas réduit à néant comme certains collègues le pensent : il ne faudrait pas non plus l’exagérer. Mais avec quelques moyens financiers que nous voudrions augmenter et de la bonne volonté, nous pourrons régler un certain nombre de vos problèmes.
Pour favoriser la circulation de l’information, la lettre du Comité National Français continuera à être publiée régulièrement pour donner des détails pratiques à la préparation des différentes missions et des chroniques courtes des différentes réunions internationales, points de vue de nos collègues ayant participé à ces réunions. Cette information complètera ainsi celle reçue par nos membres et puisée dans les Nouvelles de l’I.C.O.M. international et dans Museum. Elle facilitera aussi la consultation du centre de documentation de l’I.C.O.M. international.
Nous faisons notre possible pour faciliter les missions de nos collègues qui font des communications dans les différents comités internationaux et nous intervenons dans l’organisation en France de telles réunions. Le détail de cette activité sera donné lors de la réunion de l’Assemblée générale du 31 Janvier 1985 qui se tiendra à l’UNESCO à la suite des journées d’étude de l’Association des conservateurs. Le choix du lieu de la réunion souligne l’optique internationale de notre activité. Le lien avec l’Association des conservateurs est à nouveau affirmé.
Nous voudrions aussi entreprendre une politique d’échange avec certains pays. Un accord est à l’étude avec le comité national soviétique pour des missions de collègues soviétiques en France et de collègues français en U.R.S.S. Les Etats-Unis envisagent également un tel programme. Ainsi le Comité français pourrait contribuer à développer la vocation internationale essentielle de l’I.C.O.M.
Jean-Pierre MOHEN
Président du Comité national français