Qu'est-ce qu'être, aujourd'hui, un "professionnel de musée" ?
Depuis une quinzaine d’années, les musées ont connu une évolution sans précédent. Des moyens d’investissement considérables ont permis un formidable essor de la fréquentation, même si celle-ci connaît un certain ralentissement depuis les attentats de 2015. Dès lors, on porte un regard beaucoup plus exigeant sur leur gestion, mesurée par de nombreux critères que les établissements « culturels » utilisaient peu auparavant : courbes de fréquentation, ratio ressources propres/budget de fonctionnement, atteintes d’objectifs pédagogiques, diversification des publics …
Désormais « managés », les musées gèrent leurs ressources (humaines, financières, patrimoniales…) avec un souci de performance qui impacte toutes les fonctions :
- En interne, coexistent à tous les niveaux de la hiérarchie, des fonctionnaires et des contractuels qui co-construisent de nouvelles manières d’exercer,
- Sous cet effet notamment, des pans entiers d’activité sont externalisés sous forme de sous-traitance, marchés publics, délégations de services publics voire portage salarial, y compris dans des missions qu’on aurait auparavant qualifiées de régaliennes.
- De nouveaux métiers se développent : mécénat, web, réseaux sociaux, résidences d’artistes…
- De nouvelles activités ajoutent de la valeur : boutiques, cafés et restaurants, locations d’espaces.
Tous, parmi ces nouveaux praticiens, sont-ils des « professionnels de Musée » ?
Dans le même temps, de nouveaux acteurs apparaissent : les fondations rattachées à des grands collectionneurs ou parfois issues de mondes tout à fait exogènes, comme l’industrie du luxe. Ces acteurs offrent au grand public des expositions de qualité, conçues par des professionnels bien souvent issus des grands musées nationaux. Animations, médiation, ateliers pour enfants, accessibilité aux visiteurs en difficulté… l’offre est en de nombreux points comparables à celle des « Musées de France ».
Inscrite dans un cycle sur la déontologie des musées, cette soirée-débat devait apporter un éclairage prospectif : qu’est-ce qu’être, aujourd’hui, un professionnel de musée ? Il s’agissait tout autant de poser la question du statut des personnels que celle du lien entre culture et intérêt public : la « mission de service public culturel » du musée n’est-elle garantie que si l’institution est elle-même une institution publique ? A quelles conditions ces changements sont-ils un enrichissement, tout à la fois pour les publics et pour les professionnels ?
Retrouvez l'intégralité de cette soirée-débat déontologie en vidéos ci-dessous :